Charles-Rafaël PAYEUR
© Éditions de l'aigle
Mise en garde
L'auteur de cette étude ne dispense pas de conseils
médicaux et ne préconise aucune technique comme modalité de traitement. Au contraire,
il recommande au lecteur qui pourrait être confronté à une problématique de
santé de s'en référer à un médecin compétent qui est seul habilité à donner
quelque avis que ce soit quant au diagnostic ou au choix de l'intervention
thérapeutique à privilégier. Charles-Rafaël Payeur
propose simplement une approche symbolique du corps humain et une lecture psycho-spirituelle des multiples pathologies qui peuvent
l'affecter afin d'amener le lecteur à développer une meilleure hygiène de vie
ou de lui permettre de coopérer plus efficacement, le cas échéant, avec son
médecin traitant. Si vous utilisez une information contenue dans cet ouvrage,
ce qui est votre droit le plus strict, cela n'engage donc que vous-même et
l'auteur, autant que l'éditeur, déclinent toute responsabilité quant aux
conséquences éventuelles de vos actes.
Afin de mieux saisir l'enjeu fondamental du système
cardiovasculaire, nous allons principalement nous intéresser, en ce qui
concerne son symbolisme général, à l'organe central qui le compose : le
coeur. Plusieurs éléments anatomiques nous permettront ainsi de mieux définir
ce qu'il incarne précisément. Comme pour nos études antérieures, nous allons
évidemment nous attarder à quelques considérations générales, pour ensuite
entreprendre une analyse plus détaillée de certains éléments macroscopiques et
microscopiques le caractérisant. Par la suite, nous aborderons aussi brièvement
le symbolisme des vaisseaux sanguins très étroitement associés au coeur.
A. Coeur
Pour mieux approcher le symbolisme du coeur, il est
évidemment primordial de considérer, dans un premier temps, la forme générale
qu'il revêt, celle-ci étant toujours révélatrice de la nature profonde de
l'organe et des fonctions qui lui sont associées. En effet, nous savons
maintenant que la forme n'est jamais arbitraire et qu'elle nous fournit
toujours des éléments précieux pour mieux saisir ce qu'incarne une structure
anatomique, quelle qu'elle soit. Nous trouverons donc à ce niveau des éléments
susceptibles de nous guider d'une manière pertinente en vue d'une meilleure
compréhension du fonctionnement cardiaque. Comme nous avons l'habitude de le
faire, nous établirons également une analogie entre l'organe étudié et un
élément susceptible de nous éclairer. Dans le
cas qui nous intéresse, nous développerons tout naturellement le symbolisme de
l'âme et nous verrons en quoi cela est révélateur. Mais auparavant, examinons
d'une manière plus précise ce que la forme générale de l'organe nous enseigne
déjà à son propos.
1. Forme de l'organe
À l'issue de nos analyses précédentes, nous savons en
effet que la forme revêtue par un organe est toujours porteuse de sens dans la
mesure où elle l'établit dans une condition existentielle donnée. Or celle du
coeur s'apparente à un cône, une figure géométrique résultant de l'association
d'un cercle de base et d'une droite axiale, comme nous le précise le docteur
Francis Lefébure :
"Il est vrai que ce cône n'est pas
parfaitement régulier, ce qui permit aux anatomistes d'y distinguer plusieurs
faces. Mais ces faces ne sont pas planes. Elles sont bombées et s'articulent par des bords arrondis, en somme simplement une
augmentation de courbure. L'étude des détails n'a de valeur que si elle nous
permet de renforcer notre vue d'ensemble ; sinon, mieux vaut un regard
superficiel mais jeté avec bon sens. [...] Laissons donc au chirurgien le soin
de parler des faces du coeur pour faciliter son intervention. Mais nous, à la
recherche des lois qui relient les formes de la nature, nous admirerons
combien, en particulier pendant la systole, le coeur est presque parfaitement
conique."
(Francis Lefébure, Les Homologies, Le Courrier du Livre, Paris,
1978)

Figure I. La forme générale du coeur
Ainsi donc, la forme générale de l'organe résulte de
l'union d'un cercle de base et d'une droite axiale et ceci est déjà fort
intéressant. En effet, rappelons que les anciens ont toujours associé la
masculinité au segment de droite et la féminité au cercle. A titre d'exemple,
nous pouvons aisément constater que le phallus se caractérise par une forme
essentiellement rectiligne à l'image des autres membres du corps associés au
principe de l'action (principale caractéristique masculine) : les bras,
les jambes, les doigts... Il s'oppose en cela à la forme sphérique du fond de
la cavité vaginale qui, par son repli, entoure l'extrémité de l'utérus
également circulaire. Nous retrouvons d'ailleurs cette circularité au niveau
des parties du corps associées au principe de réception (principale caractéristique
féminine) : les yeux, les oreilles, la tête...
Sur un plan microscopique, les gamètes mâles conservent
d'ailleurs le même caractère de rectilignité. Ainsi,
le spermatozoïde tend vers un segment de
droite, plus qu'aucune autre cellule du corps ne le fait. Même les cellules
nerveuses prennent davantage une apparence arborescente en raison de la
présence de dendrites. Si nous poursuivons notre rapport de symétrie avec le
principe féminin, l'ovule apparaît, quant à lui, presque sphérique. Nous pouvons
même affirmer qu'aucune autre cellule de l'organisme ne se rapproche autant
d'une sphère parfaite que l'ovule. Dès lors, il est possible d'en conclure
qu'en raison de son apparence générale en forme de cône, le coeur évoque un
processus d'union entre le principe masculin, émissif, et le principe féminin,
réceptif. Plus encore, non seulement il résulte de cette union mais il en est
l'expression tangible et manifeste.
Dès lors, en tant qu'union du principe masculin, émissif,
et du principe féminin, réceptif, le coeur évoque une capacité à se placer dans
une attitude de don (évoqué par le principe
masculin) et d'accueil (incarné par le principe féminin). Il fut donc très tôt
associé à une dynamique de mise en relation, et plus spécialement, aux réalités
de l'amour, une expérience qui se résume effectivement par un don de soi et un
accueil de l'autre. Nous aurons évidemment l'occasion de revenir sur cette
dimension essentielle du coeur tout au cours de notre étude.
2. Analogie avec l'âme
En raison du fait qu'il évoque un processus d'union entre
les principes masculin et féminin, les hermétistes établissent un rapport
étroit entre le coeur et l'âme, l'homme étant composé d'un esprit, d'un corps
et d'une âme selon les fondements de l'anthropologie ternaire. Pourquoi cette
association ? Essentiellement parce que le principe masculin a toujours
été mis en rapport avec l'esprit qui se caractérise par une nature émissive et
active alors que le corps est traditionnellement associé à la dimension féminine
en raison de son caractère fondamentalement passif et réceptif. En effet,
l'esprit est la dimension intérieure de l'être, naturellement tournée vers
l'extérieur, sa dimension complémentaire. Il transmet donc la vie qu'il reçoit
de Dieu vers le corps. Quant au principe féminin, il est traditionnellement
associé au corps qui est une dimension de l'être ontologiquement réceptive. En
tant que pure extériorité, il est effectivement appelé à se tourner vers
l'intérieur, sa dimension complémentaire. Si l'esprit transmet la vie, le corps
la reçoit pleinement.
Quant à l'âme, elle est issue de l'union dynamique du
corps et de l'esprit, c'est "l'esprit en maîtrise du corps" pour
reprendre une expression chère au Père Varillon (précisons toutefois qu'il ne pensait vraisemblablement
pas si bien dire puisqu'il semble exister dans sa pensée une certaine confusion
entre l'âme et l'esprit). Or le corps ne se limite pas à la dimension physique,
comme beaucoup de personnes se l'imaginent, mais il revêt également un aspect
énergétique, émotionnel et mental. Ainsi, l'union de l'esprit et du "corps
énergétique" assure la vitalité de l'organisme ; l'union de l'esprit
et du "corps émotionnel" est à l'origine des sentiments, des
émotions, des affections et des désirs alors que l'union de l'esprit et du
"corps mental" est responsable des facultés cognitives telles que la
pensée, l'intelligence ou le discernement... L'âme, au sens traditionnel de la psyche, de l'anima, pourrait donc être définie comme
l'ensemble des facultés énergétiques, affectives et mentales de l'homme, toutes
ces dimensions psychiques étant, et cela est remarquable, également évoquées
par le coeur.
En effet, le coeur est étroitement lié à la vie, étant
sans doute le centre vital par excellence de l'organisme puisqu'il assure la
circulation du sang, principe de vie. L'arrêt cardiaque est d'ailleurs l'un des
premiers symptômes pour constater le décès. Des expressions littéraires telles
que "percer le coeur" pour signifier "tuer" ou "tant
que mon coeur battra" pour dire "tant que je vivrai" sont
d'ailleurs éloquentes en ce sens. Signalons en outre qu'aux dires des anciens
Égyptiens, du moins d'après ce qu'en rapporte Pline,
la mort était consécutive à la dégénérescence du coeur :
"leur science les avait en effet
conduits à admettre que jusqu'à cinquante ans, le coeur de l'homme prend chaque
année un supplément de poids d'environ deux drachmes – c'est-à-dire à peu près
huit grammes – qu'il perd à partir de cet âge également à raison de deux drachmes par an. Il en résulte que
c'est "faute de coeur" que l'homme ne dépasse pas sa centième
année..."
(Jacques Bril, Petite
fantasmagorie du corps, Essais Payot, Paris, 1994)
L'âme régit également les facultés émotionnelles amenant
l'homme à éprouver des sentiments, des émotions et des désirs. Il fut donc
toujours considéré par les traditions antiques comme le siège de ces facultés.
Un simple dictionnaire l'atteste d'ailleurs de manière très explicite :
"1° Le coeur est, par métaphore, le
siège des sensations et émotions. "Agiter, faire battre le coeur"
signifie "émouvoir". "Serrement de coeur". "Une
douleur, un chagrin qui arrache, brise, crève, fend, gonfle, perce, serre le
coeur". "Avoir le coeur gros". "Avoir la rage au
coeur". "Coeur qui soupire n'a pas ce qu'il désire".
"L'effroi, la crainte glace, transit le coeur." "Avoir la joie
au coeur". [...]
"2° Le coeur est le siège du désir,
de l'humeur. "Accepter, avouer, consentir, de bon coeur, de grand coeur,
de tout coeur, de gaieté de coeur." "De tout son coeur" :
de toutes ses forces. "Si le coeur vous en dit" : si vous en
avez le désir, l'envie, le goût. "Avoir, prendre quelque chose à
coeur" : y prendre un intérêt passionné. "N'avoir de coeur à
rien". [...]
"3° Le coeur est le siège de
l'affectivité (sentiments, passions). "Les sentiments que le coeur
éprouve, ressent." "Écouter son coeur". "Avoir un coeur
tendre, sensible, fidèle." "Un coeur débordant de tendresse".
"Porter quelqu'un dans son coeur." "Ami de coeur"."
(Le Petit Robert,
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, 1976)
Enfin, le coeur régit les facultés cognitives telles que
la pensée ou l'intelligence. En effet, il est étroitement lié à la connaissance
et cette expression populaire "je veux en avoir le coeur net",
utilisée pour exprimer le désir d'être éclairé sur un point en particulier, est
éloquente. Citons aussi des formules comme
"apprendre, connaître, savoir, retenir ou réciter par coeur". Certes,
la connaissance dont il s'agit ici diffère fondamentalement d'un savoir rationnel
relevant exclusivement de la raison cérébrale. Un adage célèbre nous le
confirme clairement : "Le coeur a ses raisons que la raison ne
connaît point." Plus précisément encore, elle s'apparente à l'intelligence
intuitive qui, pour l'ancienne philosophie chinoise, "brille dans" ce
qu'elle nomme "la caverne du coeur". Dans une tout autre région – au
Ghana, au Togo, au Dahomey – les Ewés qui peuplent ces territoires prétendaient
eux aussi que le coeur était le siège de l'intelligence.
Tableau des correspondances entre
l'âme et le coeur
Spécificités de l'âme
|
Spécificités du coeur
|
- L'âme est issue d'une union dynamique entre le corps
(principe réceptif) et l'esprit (principe émissif).
|
- Le coeur s'apparente à un cône, une figure issue de l'union
d'un cercle (principe réceptif) et d'une droite (principe émissif).
|
- L'âme est étroitement associée au principe de vie, tout être
vivant possédant une âme au sens traditionnel du terme.
|
- Le coeur est le centre vital de l'être humain, assurant la
circulation du sang, principe de vie.
|
- L'âme régit les facultés émotionnelles amenant l'homme à
éprouver des émotions, des désirs et des sentiments.
|
- Le coeur est considéré en l'homme comme le siège des
émotions, des passions, des affections et des sentiments.
|
- L'âme régit toutes les facultés cognitives telles que la
pensée, l'intelligence et la mémoire.
|
- Le coeur est étroitement lié à la connaissance, à l'intelligence
intuitive et à la mémoire.
|
- L'âme est traditionnellement associée au tronc (l'esprit
étant évoqué par la tête et le corps par les membres).
|
- Le coeur est situé dans la partie supérieure du tronc dont il
est en quelque sorte l'organe dominant.
|
D'autre part, le coeur est également le siège des
émotions, des passions, des affections et des sentiments. Dès lors, en devenant
lieu d'expression du Saint-Esprit, cette dimension émotionnelle est évidemment transfigurée
pour devenir principe de tendresse et de douceur. Les amoureux échangeaient
d'ailleurs autrefois des coeurs en cire, en pain d'épices, en argent ou en or
pour exprimer la tendresse et l'affectivité qui les liaient l'un à l'autre. Un
coeur, souvent accompagné d'une colombe, décorait en outre les cadeaux de
mariage traditionnels des foyers ruraux de toute l'Europe : cruches et
plats, plioirs à dentelle, chauffe-lits, supports de fer à repasser, etc.
Aujourd'hui encore, il demeure le symbole du rapport affectif comme en
témoignent de nombreuses expressions populaires comme "offrir son
coeur", "porter quelqu'un dans son coeur", "conquérir un
coeur", "écouter son coeur", "coeur épris",
"coeur fidèle" ou "coeur volage"...
Enfin, le coeur est étroitement lié à la connaissance, à
l'intelligence intuitive et à la mémoire.
Voici un tableau récapitulant ces correspondances que nous
venons de mettre en exergue entre l'Esprit-Saint et
le Coeur :
Tableau de correspondances entre
le Saint-Esprit et le coeur
Spécificités du Saint-Esprit
|
Spécificités du Coeur
|
- Le Saint Esprit procède du Père (principe émissif) et du Fils
(principe réceptif).
|
- Le coeur est en forme de cône, une figure issue de l'union d'un
cercle (principe réceptif) et d'une droite (principe émissif).
|
- Le Saint-Esprit est Celui qui "donne la vie". En
effet, Il souffle l'existence et la vie en chaque créature.
|
- Transfiguré par l'amour, le coeur devient principe de vie
mystique. Il est le lieu d'habitation de la divinité en l'homme.
|
- Le Saint-Esprit incarne de manière privilégiée la tendresse
et l'affectivité s'exprimant entre le Père et le Fils.
|
- Transfiguré par l'amour, le coeur devient principe de
tendresse et d'affectivité unissant deux êtres.
|
- Le Saint-Esprit incarne la sagesse. Il est
l'Inspirateur, Celui qui a parlé par les Prophètes.
|
- Transfiguré par l'amour, le coeur devient principe de sagesse
inspirée et lieu de révélation de la volonté du Père.
|
Enfin, en tant que force de médiation, l'âme place
évidemment l'homme en relation avec autrui. À ce titre d'ailleurs, "Saint
Irénée déjà, au deuxième siècle, à la manière des anthropologues les plus
perspicaces de notre temps, présente le corps, l'âme et l'esprit comme les
trois fonctions, les trois relations ou encore les trois manières d'être de l'humain. Par son corps,
l'homme est ouvert sur le monde et la matière, par son âme il est ouvert à
autrui, aux autres hommes, par son esprit il
est ouvert à Dieu." Si l'esprit est ouvert sur Dieu et le corps sur le
monde, l'âme est donc ouverture sur l'autre. Elle devient ainsi le siège
privilégié de l'amour, confortant dès lors son analogie avec le coeur en tant
qu'organe de l'amour par excellence.
B. Système cardio-vasculaire
1. Position centrale
Le coeur est situé au centre de la poitrine, son bord
droit sous le côté droit du sternum et sa pointe sous le mamelon gauche. Il
devient donc en quelque sorte le lieu de rencontre entre la partie droite et la
partie gauche du corps. Or le côté droit incarne, dans la symbolique générale
du corps, la dimension active alors que le côté gauche évoque son aspect
réceptif. C'est d'ailleurs pourquoi de nombreuses cultures ont associé le côté
droit au principe masculin et le gauche au principe féminin. Ainsi,
"certains commentaires rabbiniques précisent que le premier homme (Adam)
était non seulement androgyne, mais était homme du côté droit et femme du côté
gauche. Dieu l'a fendu en deux moitiés, quand il les créa homme et femme. Le
Moyen Âge chrétien n'a pas échappé à cette tradition, selon laquelle le côté
gauche serait le côté femelle, par opposition au droit qui serait mâle."
Dès lors, nous retrouvons le coeur en tant que principe
d'union entre deux réalités complémentaires. Il est d'ailleurs, d'un simple
point de vue biologique, l'organe central par excellence, étant situé au point
d'équilibre entre les pôles opposés du système respiratoire et du système
digestif.
Sa position centrale m'a également conduit à situer cet
organe, d'un point de vue plus métaphysique, entre la réalité du moi et celle
de l'autre. En tant que muscle, il incarne dès lors une dynamique d'union
participative entre moi et l'autre, entre moi et le Tout-Autre.
Nous avons d'ailleurs une évocation fort éloquente de cela sur un plan purement
biologique puisque cet organe régit la circulation du sang entre la cellule et
le monde extérieur. Or la cellule évoque traditionnellement le moi en tant que
structure porteuse du bagage génétique caractérisant l'individu. Grâce à
l'action dynamique du coeur, elle sera donc mise en rapport avec l'autre,
c'est-à-dire avec celui qui se situe à l'extérieur de l'organisme. En effet,
l'air inspiré par les poumons et les substances nutritives assimilées par le
système digestif incarnant les ressources de l'autre (symbolisées par l'oxygène
et les nutriments). Ces ressources seront alors amenées jusqu'à l'intimité de
la cellule (du moi) qui, à son tour, déversera ses propres produits (le dioxyde
de carbone notamment) qui seront offerts à l'autre. Ainsi, le coeur assure
effectivement une véritable dynamique de participation entre moi et l'autre,
une dynamique que nous pouvons résumer par le schéma suivant :
La position du coeur entre moi et
l'autre
La cellule
|
Le coeur
|
L'extérieur
|
Le moi
|
Dynamique d'union
participative
|
L'autre
|
2. Structure binaire
Une épaisse cloison centrale partage l'intérieur du coeur
en deux moitiés, la droite et la
gauche. Cet organe fonctionne donc comme deux pompes
séparées, la droite servant de pompe pulmonaire et la gauche de pompe
systémique. À quoi cela se réfère-t-il sur un plan symbolique ? Évidemment
aux deux fonctions caractéristiques du coeur associées au don et à l'accueil.
En effet, la partie droite du coeur s'inscrit essentiellement dans une
dynamique d'extériorisation ou de don alors que sa
partie gauche est associée à une dynamique d'intériorisation ou d'accueil.
Voyons donc cela de plus près.
La partie droite du coeur incarne essentiellement une
dynamique par laquelle le sang en provenance des tissus de la cellule (qui
symbolise le moi), pénètre dans l'oreillette droite et se dirige vers le
ventricule droit pour être orienté vers les poumons. Là, il libère le dioxyde
de carbone issu de l'activité métabolique. Ce processus évoque donc tout
naturellement une dynamique de don par laquelle nous offrons à l'autre un peu
de ce que nous sommes. Voici un schéma de la circulation sanguine associée au
côté droit du coeur :

Figure II. La circulation
sanguine associée au côté droit du coeur
Quant aux fonctions associées à la partie gauche, elles
s'inscrivent dans une dynamique d'accueil puisque le sang chargé d'oxygène (une
substance issue de l'extérieur) pénètre dans l'oreillette gauche pour être
ensuite dirigé vers le ventricule correspondant qui l'oriente vers l'ensemble
des cellules de l'organisme. Dès lors, ce processus évoque une dynamique
d'accueil de l'autre et d'intériorisation. En voici un schéma représentatif :

Figure III. La circulation
sanguine associée au côté gauche du coeur
La structure binaire du coeur
Partie droite du coeur
|
Partie gauche du coeur
|
Je me donne à
l'autre.
|
J'accueille l'autre
en moi.
|
À l'issue de cette analyse, nous pouvons établir la
synthèse suivante quant aux enjeux psychologiques du coeur :
Les quatre cavités du coeur et
leurs enjeux psychologiques
Oreillette droite
(Air)
- Je sors de mon enfermement pour me tourner vers l'autre (en
vue de lui révéler ce que je suis).
|
Oreillette gauche
(Eau)
- Je m'ouvre aux ressources que l'autre me propose (en vue de
me nourrir et de grandir).
|
Ventricule droit
(Feu)
- Je rayonne pleinement ce que je suis face à l'autre, ayant à
cet égard une fonction de témoignage.
|
Ventricule gauche
(Terre)
- J'utilise les ressources que l'autre me propose, assurant
ainsi le développement et l'épanouissement de mon être.
|
Nous pouvons également établir un tableau synthétisant les
enjeux initiatiques du coeur :
Les quatre cavités du coeur et
leurs enjeux initiatiques
Oreillette droite
(Air)
- Je meurs à moi-même pour me tourner vers l'autre dans une
perspective de don.
|
Oreillette gauche
(Eau)
- J'accueille l'autre, le laissant être en toute authenticité.
|
Ventricule droit
(Feu)
- Je me donne à l'autre sans idée de contrepartie, transcendant
ainsi tout instinct de survie.
|
Ventricule gauche
(Terre)
- J'accorde à l'autre une place centrale au sein de mon
existence, participant ainsi avec joie à sa réalité.
|
3. Caractère involontaire du muscle cardiaque
Enfin le coeur est le seul muscle strié de l'organisme dont
le fonctionnement n'est pas réglé par la volonté. Ceci
nous rappelle évidemment le lien étroit existant entre cet organe et l'amour.
En effet, l'enjeu du coeur est ultimement d'exprimer la puissance divine au
sein du créé. Or l'amour échappe à toute volonté personnelle comme l'évoque cet
adage déjà cité : "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît
point." Ne relevant pas de la créature mais du Créateur, l'homme ne pourra
effectivement jamais contrôler cette réalité ou la soumettre à sa volonté pas
plus qu'il ne pourra se saisir de Dieu. S'il tente de le faire, l'amour
disparaîtra, cette réalité impliquant impérativement la liberté.
Voici un tableau résumant les éléments symboliques
associés à la structure macroscopique du coeur et les enjeux correspondants :
Tableau présentant les éléments
macroscopiques du coeur et leurs enjeux
Eléments macroscopiques
|
Enjeux associés au coeur
|
- Le coeur est situé au centre de la poitrine, son bord droit sous
le côté droit du sternum et sa pointe sous le mamelon gauche.
|
- Etablir une dynamique relationnelle entre deux pôles
distincts leur permettant de former une unité sans confusion.
|
- La structure du coeur est creuse lui permettant de contenir le
sang non dans une perspective de rétention mais de déversement.
|
- Ne pas conserver la vie que l'on reçoit de Dieu pour
soi-même, mais la mettre au contraire au service des autres.
|
- Une épaisse cloison centrale partage l'intérieur du coeur en
deux moitiés, la droite et la gauche, ayant deux fonctions distinctes, quoiqu'interdépendantes.
|
- Développer une aptitude de don (associée au côté droit) et
d'accueil (associée au côté gauche) comme deux dimensions distinctes de
l'échange et de l'amour.
|
- Le coeur comporte quatre cavités : deux oreillettes et
deux ventricules, associées à des vaisseaux sanguins bien spécifiques.
|
- Développer les modalités psycho-spirituelles
essentielles à l'établissement d'une expérience relationnelle juste et
authentique.
|
- Le coeur comprend quatre valvules permettant la circulation
du sang dans une direction bien précise.
|
- Affermir ses dispositions psycho-spirituelles
sans revenir en arrière dans son élan d'accueil ou de don.
|
- Le coeur est le seul muscle strié de l'organisme dont le
fonctionnement n'est pas réglé par la volonté.
|
- L'expérience ultime du coeur, l'amour, ne peut faire l'objet
d'une tentative de contrôle : vouloir soumettre l'amour à sa propre
volonté c'est le faire disparaître.
|
C. Cellule cardiaque
L'observation microscopique du coeur et des vaisseaux est
également susceptible de faire apparaître certains éléments symboliques
fondamentaux associés à l'archétype de ce système. Pour mieux en prendre
conscience, nous mettrons donc en exergue quelques particularités propres à la
cellule cardiaque et à celles de la structure des vaisseaux sanguins.
Les cellules ou fibres cardiaques possèdent effectivement
une particularité dans la mesure où elles sont anastomosées (l'anastomose
désigne en biologie la communication entre deux vaisseaux, deux nerfs ou deux
conduits de même nature) et qu'il s'agit là du seul exemple de fibres
musculaires anastomosées dans tout l'organisme. Ceci fait en sorte que nous
pouvons parcourir une fibre cardiaque sans jamais trouver sa terminaison,
évoquant ainsi d'une manière admirable ce principe d'union étroite entre deux
réalités, n'en formant plus qu'une seule bien que chaque élément demeure
distinct l'un de l'autre (c'est la fusion sans confusion).

Figure IV. Schéma d'une fibre
cardiaque
Plus encore, les cellules du muscle cardiaque sont
enroulées en hélice autour de l'axe de l'organe. Sur un plan symbolique, ceci
est évidemment très intéressant puisque la spirale ainsi formée est une courbe
articulée autour d'une droite axiale. Elle résulte donc de l'association d'un
cercle et d'une droite, l'hélice ayant cette propriété du cercle qu'en la
parcourant, on tourne éternellement autour d'un point central. Elle possède
également cette propriété de la droite qu'en la parcourant on s'éloigne
toujours de ce point.
"Elle cumule donc deux des propriétés
principales du cercle et de la
droite. En géométrie plane, c'est elle le terme médian, impolarisé entre les deux pôles cercle et droite."
(Francis Lefébure, Les Homologies, Le Courrier du Livre, Paris,
1978)
La forme qu'adoptent les cellules cardiaques rejoint donc
le symbolisme que nous avons déjà développé à propos du cône (celui-ci pouvant
être considéré comme une spirale qui s'est développée dans l'espace autour d'un
axe). Dans la même perspective, le docteur Lefébure
ajoute que :
"la spirale signe la morphologie
cardio-vasculaire dans le tourbillon que le sang décrit à l'intérieur de chaque
ventricule : les orifices d'entrée du sang (valvules mitrale et tricuspide)
étant près de ceux de la sortie (valvules sigmoïdes), et le ventricule étant
d'une forme conique, le mouvement est obligatoirement tourbillonnaire. Or le
tourbillon est la traduction mécanique de la spirale. La
disposition des gros vaisseaux, entrant et sortant du coeur, veines
pulmonaires, crosse de l'aorte, est telle que le sang décrit dans l'ensemble
une boucle. Ceci découle d'ailleurs de son embryologie, le tube cardiaque
primitif s'étant enroulé en une sorte de nœud. De plus, les gros vaisseaux des membres
s'enroulent autour de leur axe : ainsi la
fémorale est antérieure à l'aine, tandis que
son prolongement (artère poplitée) est postérieur au niveau du genou ;
elle s'est donc développée en une hélice spirale."
Tout ceci évoque évidemment, sur un plan symbolique, une
aptitude à se placer face à l'autre dans une attitude de don et d'accueil, le
plaçant au centre de son existence en évoluant dorénavant autour de lui. Voici
un tableau résumant ces éléments symboliques associés à la structure microscopique
du coeur et les enjeux correspondants :
Tableau présentant les éléments
microscopiques du coeur et leurs enjeux
Éléments microscopiques
|
Enjeux associés au coeur
|
- Les fibres cardiaques sont anastomosées, faisant en sorte qu'il
est possible de parcourir une fibre cardiaque sans jamais en trouver la
terminaison.
|
- Unir très étroitement entre elles deux réalités sans jamais
les confondre, chacune demeurant ontologiquement différente de l'autre.
|
- Les cellules ou fibres cardiaques sont enroulées en spirale
autour de l'axe du coeur.
|
- Se placer dans une attitude d'accueil et de don, disposant
l'autre au centre de son existence en évoluant dorénavant autour de lui.
|
II.
Physiologie
Le système cardio-vasculaire possède plusieurs fonctions
physiologiques distinctes dont onze sont principalement caractéristiques. Il
s'agit de la fonction de maintien, de circulation veineuse systémique, de circulation artérielle systémique, de contraction
(fonction systolique), de circulation artérielle pulmonaire, de circulation
coronaire, d'automaticité, de détente, de circulation au niveau des
capillaires, de fonctionnement valvulaire et de circulation veineuse
pulmonaire. Voyons plus précisément à quoi cela correspond.
A. Fonction de maintien et circulation veineuse
1. Péricarde
Le coeur ainsi que la racine des gros vaisseaux sont
contenus dans une enveloppe fibreuse résistante qu'on appelle péricarde. Ce sac
membraneux est formé du péricarde séreux et du péricarde fibreux. En effet, le
feuillet externe est rugueux, fibreux et peu souple. Il est fixé au diaphragme
et il est rattaché au sternum par des bandes fibreuses. Quant au péricarde
séreux, la partie interne, fine et lisse, il possède deux couches. Le feuillet
pariétal tapisse l'intérieur du péricarde fibreux et le feuillet viscéral
adhère à la surface du coeur. Entre les deux se trouve l'espace péricardique
qui contient quelques gouttes de liquide péricardique qui lubrifie les surfaces
et facilite les mouvements du coeur pendant la contraction.
Sur un plan symbolique, cette structure évoque tout
naturellement une capacité à accueillir et à donner en respectant, dans son
rapport à l'autre, ses propres limites existentielles (celles qui structurent
sa vocation profonde). En effet, vouloir donner à l'autre autre chose que ce
que l'on est, même si l'on est motivé par de nobles désirs, conduit inévitablement à l'échec. De même, l'accueillir en
ne se respectant pas soi-même ne peut qu'entraîner des effets négatifs
préjudiciables à la relation ainsi entreprise.
2. Circulation veineuse
Au niveau de la grande circulation, ou circulation
systémique, les veines assurent le retour du sang depuis les tissus de l'organisme
vers le coeur. Ce sang est d'abord drainé par les veinules qui se rejoignent
ensuite pour former des veines qui se déversent ultimement dans les deux
grandes veines caves (les deux plus grosses veines de l'organisme) qui
apportent enfin le sang à l'oreillette droite du coeur.
La veine cave supérieure commence en haut du thorax et
débouche dans l'oreillette droite. Elle est formée par la réunion des veines
brachio-céphaliques droite et gauche, qui elles-mêmes sont formées par l'union
des veines sous-clavières (drainant le sang des membres supérieurs), jugulaires
(drainant le sang de la tête) et de plusieurs veines mineures. La veine cave
supérieure reçoit aussi du sang des veines azygos qui drainent la majeure
partie du sang du thorax. Elle collecte donc le sang de la partie supérieure du
tronc, de la tête, du cou et des membres supérieurs.
La veine cave inférieure commence dans la partie
inférieure de l'abdomen pour déboucher dans l'oreillette droite. Elle est
formée par la réunion des deux veines iliaques, qui reçoivent le sang des
veines des membres inférieurs et des organes pelviens. La veine cave inférieure
reçoit aussi le sang des veines sus-hépatiques et rénales qui drainent le foie
et les reins.
Cette fonction évoque donc une aptitude à lâcher prise,
quittant tout enfermement sur soi-même (en mourant même ultimement à soi), pour
s'ouvrir à l'autre dans une perspective de rayonnement ou de don.
B. Fonction artérielle systémique
Au niveau de la grande circulation, ou circulation
systémique, les artères ont pour rôle d'alimenter l'ensemble des cellules de
l'organisme.
C. Fonction de contraction
Sur un plan symbolique, cette fonction permettant au coeur
de propulser le sang vers les poumons et l'ensemble du corps évoque évidemment
une aptitude à recevoir (systole ventriculaire gauche) et à donner (systole
ventriculaire droite), faisant preuve en ce sens de dynamisme, de vigueur et
d'énergie en luttant contre toutes les forces d'inertie qui cherchent à
enfermer l'homme dans une condition mortifère où il renonce à toute dynamique
de don et d'accueil.
D. Fonction artérielle pulmonaire, circulation coronarienne et fonction
d'automaticité
1. Fonction artérielle
Au niveau de la petite circulation, ou circulation
pulmonaire, le système artériel propulse le sang du ventricule droit vers les
poumons où certains produits issus du métabolisme sont libérés. Sur un plan
symbolique, cette fonction évoque évidemment une aptitude à donner, dans une
effusion dynamique, le faisant à travers un rayonnement plénier de son être ou
par un don de soi dans l'expérience de l'amour.
2. Circulation coronarienne
Au même titre que tout autre organe, le coeur est
dépendant des artères pour son alimentation en oxygène et des veines pour
ramener le sang chargé des produits issus du métabolisme des cellules
cardiaques vers l'oreillette droite. L'artère coronaire droite alimente
l'oreillette droite (y compris le nœud sinusal et le nœud
auriculo-ventriculaire), une partie de l'oreillette gauche, la plus grande
partie du ventricule droit et la partie inférieure du ventricule gauche.
L'artère coronaire gauche (qui se divise en
artère interventriculaire antérieure et en artère
circonflexe) alimente l'oreillette gauche, la plus grande partie du ventricule
gauche et la plus grande partie du septum interventriculaire.
De nombreuses artères collatérales relient les branches des artères coronaires
droite et gauche. Les veines coronaires siègent superficiellement par rapport
aux artères. La plus grande veine, le sinus coronaire, s'ouvre dans
l'oreillette droite. La plupart des veines coronaires se jettent dans le sinus
coronaire, sauf les veines coronaires antérieures qui se vident dans
l'oreillette droite.


Figure V. La circulation coronarienne
Sur un plan symbolique, cette circulation coronarienne
évoque un principe tout à fait unique dans la mesure où son rôle est
d'entretenir le coeur, c'est-à-dire la dynamique d'union participative en tant
que telle. Ainsi, une altération de ces vaisseaux, comme dans le cas de
l'infarctus du myocarde par exemple, indiquera une volonté plus ou moins
inconsciente de remettre en question cette dynamique du coeur, refusant
d'entretenir une relation d'échange authentique avec l'autre et, plus encore,
une dynamique d'amour, cherchant à préserver un certain ostracisme.
3. Fonction d'automaticité
Au niveau du myocarde, des cellules spécialisées
permettent la conduction des impulsions électriques. Ces cellules contrôlent le
rythme et la fréquence cardiaque (une propriété appelée automaticité). En
certaines circonstances, toute cellule musculaire myocardique peut d'ailleurs
contrôler la fréquence et le rythme des contractions. Normalement cependant, le
nœud sino-atrial ou sinusal, également appelé nœud de
Keith et Flack, (situé au
niveau de la surface endocardique de l'oreillette
droite, à proximité de la veine cave supérieure) fixe la fréquence cardiaque.
En effet, le déclenchement du nœud sinusal diffuse une impulsion à travers là
totalité des oreillettes droite et gauche ce qui entraîne une contraction de
ces dernières.
Le nœud auriculo-ventriculaire ou d'Aschoff
et Tawara (situé dans la partie basse du septum de
l'oreillette droite) s'occupe ensuite de la conduction de l'influx.
Normalement, il représente la seule connexion électrique entre les oreillettes
et les ventricules. Il ralentit d'abord
l'influx, retardant ainsi l'activation ventriculaire ce qui permet au sang de
remplir les ventricules à partir des oreillettes. Ensuite, la conduction file à
travers le nœud auriculo-ventriculaire et un réseau de fibres appelé faisceau
auriculo-ventriculaire (ou faisceau de His) pour
diffuser son influx dans l'ensemble des ventricules, provoquant ainsi leur
contraction.
Chaque battement du coeur est donc déclenché par des
impulsions électriques émises par le stimulateur naturel du coeur, le nœud
sinusal, situé dans la partie haute de l'oreillette droite. Ces impulsions
électriques sont émises au rythme de cent par minute et déclenchent les
contractions du coeur (Le pouls désigne la fréquence de révolution cardiaque
par minute. Il se prend là où les artères sont en surface (jamais avec le
pouce). À la naissance, il correspond à cent trente-cinq révolutions par
minute. A l'adolescence, il tombe à quatre-vingts révolutions par minute alors
qu'on en compte approximativement soixante-quinze chez l'adulte. La fréquence
des révolutions cardiaques de l'athlète peut même descendre jusqu'à
cinquante-cinq par minute.). Sur un plan symbolique, tout ceci évoque
évidemment une aptitude à recevoir et à donner sans se laisser déstabiliser par
quoi que ce soit, trouvant toujours en soi des forces nouvelles pour y
parvenir. Cette fonction incarne donc une aptitude à renouveler constamment sa
dynamique d'union participative à l'autre.
E. Fonction de détente
Après la phase de contraction au cours de laquelle les
oreillettes se contractent les premières (systole auriculaire) chassant le sang
dans les ventricules qui se contractent à leur tour (systole ventriculaire),
propulsant ainsi le sang hors du coeur par les artères ; suit une phase de
détente ou diastole (dont la durée est d'environ quatre dixièmes de seconde)
permettant au coeur de se remplir de sang (le sang en provenance des cellules parvenant dans la moitié droite du
coeur et celui en provenance des poumons dans la moitié gauche). Au niveau
symbolique, cette fonction de détente évoque évidemment une aptitude à recevoir
et à donner en sachant se placer dans une dynamique d'abandon, se laissant
investir par cet irrésistible attrait que l'autre exerce sur soi (l'accueillant
et se donnant à lui dans le plus grand lâcher-prise).
F. Fonction de médiation, circulation au niveau des capillaires
Nous avons déjà précisé que les capillaires relient les
artères aux veines dans la mesure où leurs parois se composent d'une mince couche
de cellules qui laissent passer l'oxygène et les substances nutritives (en
provenance des artères), ces éléments se propageant dès lors dans les tissus
des différents organes du corps alors que les produits issus du métabolisme des
cellules pénètrent les capillaires pour ensuite être acheminés dans les veines.
Au niveau symbolique, cette fonction de médiation évoque tout naturellement un
processus d'échange où chacun donne à l'autre ce qu'il possède (sur un plan
psychologique) ou ce qu'il est (sur un plan initiatique).
Voici un tableau résumant les principales fonctions
associées au coeur et leurs enjeux psychologiques.
Tableau présentant les principales
fonctions du système cardio-vasculaire et leurs enjeux psychologiques
Fonctions du système circulatoire
|
Les enjeux psychologiques
|
Fonction de maintien
et circulation veineuse systémique
|
|
- Le coeur est contenu dans un sac membraneux résistant qu'on
appelle le péricarde.
|
- Accueillir et donner en respectant ses limites existentielles
(celles qui structurent sa vocation profonde).
|
- Au niveau de la grande circulation, ou circulation
systémique, les veines assurent le retour du sang depuis les organes et les
tissus vers le coeur.
|
- Lâcher prise, sortant d'un enfermement sur soi-même (mourant
même ultimement à soi), pour favoriser une ouverture à l'autre dans une
perspective de rayonnement ou de don.
|
Circulation artérielle systémique
|
|
- Au niveau de la grande circulation, les artères ont pour rôle
d'alimenter les cellules de l'organisme en oxygène et en substances
nutritives.
|
- Bénéficier des ressources que l'autre offre ou de sa présence
en ressentant la joie que cela apporte.
|
Fonction de contraction
|
|
- Le coeur est une pompe musculaire qui se contracte
rythmiquement à une fréquence moyenne de quatre-vingts à cent pulsations par
minute, propulsant ainsi le sang vers les poumons et l'ensemble du corps.
|
- Recevoir et donner en sachant faire preuve de dynamisme, de
vigueur et d'énergie, luttant ainsi contre toutes forces d'inertie enfermant
l'homme dans une condition mortifère où il n'accueille plus et ne donne plus.
|
Circulation artérielle pulmonaire, circulation coronarienne
et fonction d'automaticité
|
|
- Au niveau de la petite circulation, les artères pulmonaires
propulsent le sang du ventricule droit vers les poumons où il libère certains
produits issus du métabolisme des cellules.
|
- Offrir à l'autre sa puissance vivificatrice par un
rayonnement plénier de son être ou par un sacrifice de sa vie (en se donnant
par amour).
|
- Le coeur est dépendant des artères pour son alimentation en
oxygène et des veines pour ramener le sang chargé des produits issus du métabolisme
des cellules cardiaques vers l'oreillette droite.
|
- Entretenir avec l'autre une dynamique d'union participative.
|
- Chaque battement est déclenché par des impulsions électriques
émises par le nœud sinusal situé dans la partie haute de l'oreillette droite.
|
- Recevoir et donner sans se laisser déstabiliser par quoi que
ce soit, trouvant au contraire des forces toujours nouvelles pour maintenir
cette dynamique.
|
Fonction de détente
|
|
- Après la phase de contraction suit une phase de détente ou
diastole au cours de laquelle le coeur se remplit de sang.
|
- Recevoir et donner en sachant se placer dans une dynamique
d'abandon, se laissant ainsi investir par l'irrésistible attrait que l'autre
exerce sur soi (l'accueillant en soi et se donnant à lui).
|
Circulation au niveau des capillaires et fonctions
valvulaires
|
|
- Reliant les artères aux veines, les capillaires apportent l'oxygène
et les substances nutritives aux cellules, recueillant aussi les produits
issus de leur métabolisme.
|
- Établir un processus d'échange où chacun donne à l'autre ce
qu'il possède ou ce qu'il est.
|
- Les valvules évitent que le sang ne circule en sens contraire
entre les oreillettes et les ventricules et entre les ventricules et l'aorte
ou l'artère pulmonaire.
|
- Recevoir et donner en se plaçant en rapport de médiation avec
l'autre sans revenir en arrière.
|
Circulation veineuse pulmonaire
|
|
- Au niveau de la petite circulation, les veines pulmonaires
ramènent le sang des poumons à l'oreillette gauche du coeur.
|
- S'ouvrir en développant une attitude d'accueil face à l'autre
(à l'autre en tant que tel ou aux ressources qu'il propose).
|
III.
Kabbale
Le coeur se dit en hébreu lév [Lamed-Beith]
ou parfois lévav
[Lamed-Beith-Beith]. Or ce dernier terme, prononcé libév, signifie aussi
"enflammer", "attiser", "enchanter",
"fasciner" ou "charmer". Les trois lettres formant ce mot
sont également une racine à l'origine du verbe nilbav [Noun-Lamed-Beith-Beith]
signifiant "devenir sensé". Enfin, la structure même du mot est fort
éloquente et nous allons examiner cela de plus près. En effet, pour comprendre
encore mieux les enjeux associés au coeur, entreprenons l'analyse symbolique
des différents mots extraits de son nom hébraïque et les lettres qui le
composent.
Comme nous l'avons mentionné, le terme hébreu lévav [Lamed-Beith-Beith] qui désigne le coeur signifie également
"enflammer" ou "attiser" lorsqu'il est prononcé libév. Or
"enflammer" évoque l'acte d'allumer un feu alors qu'
"attiser" est associé à celui de l'aviver ou de le ranimer. Quel feu
peut donc être allumé ou ravivé au niveau du coeur ? Dans un premier
temps, il s'agit évidemment du feu vital associé à l'activité métabolique de
l'organisme. En effet, le métabolisme repose sur un processus d'oxydoréduction
au cours duquel un véritable feu, alimenté par l'oxygène, permet la
décomposition des molécules alimentaires et l'extraction d'une importante
énergie. Il s'agit ensuite du feu de l'émotion ou du désir, associé à la
dimension affective de l'être. L'expression des sentiments a toujours
effectivement été intimement associée à l'activité d'un feu brûlant. C'est le
feu de la passion.
Ainsi, "déclarer sa flamme" évoque, dans le langage
populaire, le fait d'exprimer sa passion amoureuse, son désir amoureux. Enfin,
il s'agit du feu qui embrase l'intellect,
celui qui éclaire la conscience de sa lumière en la libérant de ses ténèbres.
Ce feu est le symbole même de l'illumination et de la connaissance. À travers
ces trois formes de feu, nous retrouvons donc les trois modalités de l'âme.
Il existe également un quatrième feu que l'aspirant doit
aussi allumer en son coeur. Il s'agit du feu de l'amour que nous présente la
doctrine du Sacré-Coeur. En effet, une révélation reçue par sainte Gertrude au
quinzième siècle est particulièrement intéressante à ce titre. Alors qu'elle
demandait à saint Jean pourquoi il n'avait rien écrit sur le coeur du Christ,
l'apôtre lui répondit :
"J'étais chargé d'annoncer à l'Église
naissante la doctrine du Verbe incréé de Dieu le Père ; mais, quant à ce
Coeur sacré, Dieu s'est réservé de le faire connaître dans les derniers temps,
quand le monde commencerait à tomber dans la décrépitude, afin de ranimer la
flamme de la charité qui sera refroidie."
(Œuvres de sainte Gertrude, cité par H. Montaigu dans
son ouvrage, Paray le Monial, Paris, 1979)
Ainsi donc, le coeur est bien en l'homme le lieu où
l'amour, issu de sa rencontre avec l'autre (et à travers lui avec le Tout-Autre), peut s'enflammer, embrasant alors son âme sur
les trois plans qui la constituent (plan vital, plan émotionnel et plan mental),
l'amenant ainsi à exercer les ministères sacrés de roi, de prêtre et de
prophète (si nous voulons reprendre nos analogies précédentes).
Par ailleurs, nous savons que le terme hébreu lévav [Lamed-Beith-Beith] désignant le coeur signifie également,
lorsqu'il est prononcé libév,
"enchanter", "fasciner" ou "charmer". Or, il est
éloquent de constater que pour "enchanter" ("soumettre à une
action surnaturelle", d'après Le Petit Robert,
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris), "fasciner"
("exercer une irrésistible séduction", d'après Le Petit Robert)
et "charmer" ("captiver par un puissant attrait", d'après Le Petit Robert), il faut être doué de
grâces (un terme provenant du latin gratia signifiant "aide de Dieu"
et désignant "une sorte de charme d'agrément qui réside dans une
personne", d'après Le Petit Robert).
Or la grâce ne relève pas de la nature humaine puisqu'elle est une force
d'origine surnaturelle dont l'âme est revêtue lorsqu'elle n'est plus un simple
souffle issue de l'union de l'esprit et du corps, mais un souffle d'amour issu
d'une communion intime et plénière entre l'homme et Dieu. Aussi, un être beau
et intelligent peut demeurer sans grâce.
Nous retrouvons donc tout l'enjeu fondamental que nous
avons associé au coeur. Ajoutons en outre que la grâce, en tant que lumière de
l'âme, s'exprimera évidemment au niveau de ses trois plans. Ainsi, il y aura
des gestes empreints de grâce (plan vital), des sentiments empreints de grâce
(plan émotionnel) et des paroles empreintes de grâce (plan mental). Plus
encore, non seulement la grâce origine d'une union entre l'homme et Dieu, mais
elle exerce aussi un attrait sur l'autre, générant ainsi une dynamique de
communion entre deux êtres, celui qui est fasciné étant appelé à se déposséder
de lui-même pour participer à la réalité de celui qui le charme. Ainsi, nous
retrouvons à nouveau cette dynamique d'union entre deux réalités si étroitement
associées au coeur.
Par ailleurs, nous avons également affirmé que le radical
[Lamed-Beith-Beith] forme une racine à l'origine du
verbe nilbav [Noun-Lamed-Beith-Beith] signifiant "devenir
sensé". Or si les verbes "enchanter", "fasciner" ou
"charmer" évoquaient la grâce, le
fait de "devenir sensé" est directement associé à la sagesse qui est
également un don de Dieu. En effet, la tradition judéo-chrétienne nous apprend
que Dieu est le seul sage qui puisse communiquer à l'homme une sagesse
authentique le rendant capable de connaître Sa réalité et de la faire
connaître.
La sagesse en tant que connaissance transformante apparaît
donc chez celui qui s'est entièrement tourné vers Dieu, s'ouvrant à Sa réalité
connaissable et se laissant féconder par elle. Il ne s'agit évidemment pas de
la simple raison, mais bien d'une intuition ou d'une inspiration. Autrement
dit, ce n'est pas une connaissance cérébrale, mais une connaissance cardiaque.
À nouveau, nous retrouvons donc l'image du coeur en tant que vecteur de
connaissance, un concept que nous avons développé précédemment.
IV. Enjeux
psychologiques et initiatiques
A. Enjeux psychologiques
1. Affirmation de soi
Le premier enjeu psychologique associé au système
cardio-vasculaire réside très certainement dans le développement d'une aptitude
à affirmer pleinement ce que l'on est. L'aspirant est donc appelé à exprimer
avec force et sans compromission toutes les dimensions de sa personnalité et à
le faire essentiellement dans une perspective de témoignage.
Il importe donc pour l'aspirant de ne pas étouffer en lui
l'expression de ce qu'il est, se consacrant, au contraire, à affirmer ce qu'il
porte au plus profond de lui-même. Ainsi, en plaçant sa lumière sur le
lampadaire, non seulement il rayonnera son être profond, mais il suscitera
également chez ceux qui l'entourent un désir analogue d'exprimer leur véritable
nature. Témoigner de ce que l'on est, c'est effectivement aussi inviter les autres à faire de même par la vertu de
l'exemple. Plus encore, c'est en s'exprimant qu'il développera une aptitude à
s'affirmer de manière plus ferme, suscitant dès lors une véritable confiance en
lui selon ce principe qui veut que plus une capacité est exploitée, plus elle
se développe. En effet, plus les valeurs profondes du moi seront exprimées,
plus elles s'affermiront et conféreront de l'assurance à l'aspirant. Il
acquerra alors une remarquable puissance de rayonnement, lui permettant
d'accéder à une certaine autorité. Fidèle à lui-même (à l'essence intérieure
qui l'anime), il sera également enclin à être loyal et sincère dans son rapport
avec les autres.
Le second comportement est celui où l'individu passe en
force : c'est le comportement agressif. Laissons à nouveau au docteur Fanget le soin de nous le résumer :
"Avoir un comportement agressif,
c'est exprimer, voire imposer, vos besoins, vos désirs, sans tenir compte des
besoins, des désirs de l'autre. C'est, par exemple, fumer en réunion sans
demander aux autres si cela les gêne. C'est mettre la chaîne stéréo à fond sans
vous préoccuper de votre mari qui dort. C'est vous garer devant une sortie de
garage, sous prétexte que vous en avez seulement pour quelques minutes. C'est
téléphoner à quelqu'un en commençant à lui parler de vos problèmes et sans même
lui demander si vous le dérangez."
(Frédéric Fanget, Aimez-vous ! Pour mieux vivre avec les autres)
Et voici le tableau synthèse qu'il nous propose :
Les caractéristiques d'un comportement agressif
|
1. Vous exprimez vos besoins et vos désirs.
2. Vous ne respectez pas l'autre.
3. Vous parlez 95 % du temps et vous
laissez l'autre s'exprimer 5 % du temps.
4. Vous vous exprimez sans détour, voire
brutalement.
5. Vous regardez l'autre fixement, votre
posture est tendue, rigide, vous vous approchez très près de l'autre pour lui
parler.
6. Vous parlez fort.
7. Vous avez tendance à généraliser.
8. En cas de conflit, vous n'hésitez pas à
contre-attaquer.
9. Après ce comportement, vous êtes
satisfait d'avoir obtenu ce que vous vouliez, mais vous ressentez aussi une
certaine culpabilité à l'idée d'avoir fait du mal à l'autre.
|
Vient enfin le comportement affirmé où "vous exprimez
vos besoins, vos désirs, simplement et directement, en tenant compte de
l'autre, de ses besoins et de ses désirs. C'est la règle
50 / 50 : vous avez 50 % des droits, mais votre
interlocuteur a également 50 % des droits. Vous serez capable de dire
calmement à la dame qui vous double dans la queue d'un grand magasin :
"L'attente est longue à cette caisse, et je comprends que vous soyez
pressée, mais j'aimerais autant que vous restiez derrière moi, s'il vous
plaît." Vous n'hésiterez pas à demander à votre collègue de travail de
vous raccompagner le jour où votre voiture est chez le garagiste, s'il a le
temps, bien sûr, et que cela ne contrarie pas ses projets... Vous oserez
demander à votre conjoint de respecter votre goût pour le cinéma d'art et
d'essai, tout en respectant son penchant pour les films d'action :
"Écoute, nous avons un problème : tu souhaites voir le dernier John Woo et, moi, le Septième Sceau de Bergman. Dans ce dernier
cas, je te propose que nous nous donnions rendez-vous après la séance pour
aller dîner ensemble." Vous interviendrez auprès de vos voisins qui garent
leur voiture devant votre porte ou qui ont un chien dont les aboiements vous
dérangent."
Il importe cependant de ne pas confondre comportement
affirmé et comportement agressif bien que l'affirmation de soi, de la manière
dont elle est parfois vécue (surtout de la manière dont elle l'a été au cours
des dernières décennies pour permettre aux minorités de se faire entendre)
introduit souvent une telle confusion. Pour éviter cela, le docteur Fanget dresse le tableau suivant :
Les différences entre le
comportement agressif et le comportement affirmé
Comportement agressif
|
Comportement affirmé
|
- Vous obtenez en vous imposant.
|
- Vous obtenez en négociant.
|
- Vous utilisez la coercition, la menace.
|
- Vous utilisez le dialogue.
|
- Vous rabaissez l'autre.
|
- Vous respectez l'autre.
|
- Vous déclenchez un malaise chez l'autre.
|
- Vous déclenchez un bien-être chez l'autre.
|
- Vous généralisez.
|
- Vous restez précis.
|
- Vous portez des jugements de valeur sur l'autre, sur ce qu'il
est.
|
- Vous ne jugez que les comportements de vos interlocuteurs, ce
qu'ils font. Vous ne jugez pas leur personne.
|
Par ailleurs, une saine affirmation de soi permet
également, dans un second temps, de mieux s'entendre avec les autres. En effet,
"un comportement trop passif, et vous voilà catalogué : vous êtes la
bonne poire, celui qu'on utilise et qu'on ne respecte pas, qu'on va chercher
quand on en a besoin pour tel ou tel service. [...] Un comportement
excessivement agressif vous donnera, à l'inverse, l'image d'un
"emmerdeur", d'un éternel insatisfait qui ne fonctionne que dans le
conflit. Ce qui peut avoir des conséquences sur le plan amical, amoureux, mais
aussi sur votre carrière professionnelle." Or "si vous vous affirmez
tout en respectant autrui, il y a de grandes chances pour que les autres se
sentent bien avec vous. Cela vous permettra d'élargir ce cercle de vos
relations et, probablement aussi, d'enrichir vos rapports humains. Toutefois,
ce second point, s'il est souhaitable, n'est pas obtenu à tous les coups, car
il dépend aussi de la bonne volonté de l'autre. Il est probable que vous ne
pourrez pas développer de bonnes relations avec tout le monde. En revanche, un
bon niveau d'affirmation de soi vous permettra de résoudre plus aisément
d'éventuels problèmes relationnels."
2. Reconnaissance et accueil de l'autre
Aimer en appliquant cet adage que Saint-Exupéry écrivit
dans Lettres à un otage : "Si tu
diffères de moi mon frère, loin de me léser tu m'enrichis."
3. Échange avec l'autre (prendre et donner)
Le troisième enjeu psychologique associé au système cardio-vasculaire
est une conséquence des deux premiers puisqu'il implique le développement d'une
relation de partage où les richesses personnelles de
chacun, pleinement affirmées, sont mises au service de l'autre qui apprend
ainsi à développer des qualités et des aptitudes nouvelles. En effet,
ontologiquement différent de soi, l'autre est porteur de ressources qu'il est
possible d'acquérir et de développer dans le cadre d'une relation privilégiée,
permettant à chacun d'accéder à une certaine expansion de lui-même. Ceci
s'exprime sans doute d'une manière particulièrement éloquente dans l'expérience
d'attraction que l'homme éprouve envers la femme et vice-versa. L'homme se
dirige effectivement vers une femme pour qu'elle éveille en lui la dimension féminine
de son être alors que celle-ci se tourne vers lui pour éveiller en elle
l'énergie masculine. Chacun reçoit alors de l'autre ce qu'il ne possède pas et
la relation devient un rapport d'enrichissement mutuel par le partage de
qualités complémentaires.
B. Enjeux initiatiques
1. Don de soi
Le premier enjeu, un enjeu relatif à l'amour, réside
essentiellement dans le développement d'une aptitude à donner et, plus
précisément encore, à se donner. En effet, si nous admettons généralement que
le don est une dimension essentielle de l'amour, nous oublions trop souvent
qu'il ne s'agit pas seulement de donner quelque chose mais de se donner.
Évidemment, il est vrai que l'amour est don de nos richesses et que nous ne
saurions concevoir une relation amoureuse sans offrir ce que l'on possède
(matériellement, psychologiquement et spirituellement). Comment pourrions-nous
en effet envisager un rapport amoureux où chacun conserverait son compte en
banque et ses propres ressources, demandant à l'autre de contribuer équitablement
aux achats en commun ? Mais il y a un don encore plus fondamental sans
lequel il n'y a pas de vrai amour. C'est le don de soi à la manière dont les
époux s'offrent mutuellement l'un à l'autre au point de ne plus s'appartenir,
au point d'être dépossédés d'eux-mêmes.
Le premier enjeu spirituel associé au système
cardio-vasculaire nous invite donc à nous donner sans réserve et il nous
enseigne que la joie de donner est souvent plus grande que celle de recevoir.
En effet, "l'homme amoureux, qui cherche à se réaliser dans le don à celle
qu'il aime, la mère de famille qui se donne à ses enfants et ne vit que pour
eux, sont capables de comprendre ces mots-là. Parce qu'ils communient autant
qu'il est possible au mystère de notre Dieu, source de tout amour." Nous
sommes donc non seulement invités à donner sans réserve nos propres biens, mais
aussi à nous donner nous-mêmes, faisant de notre être tout entier une véritable
offrande.
Le Père m'enseigne à donner en fonction du besoin de
l'autre et non en rapport avec ce que je souhaiterais moi-même recevoir.
Combien de fois observons-nous au contraire un père qui veut donner à son fils
le meilleur de lui-même en lui imposant ses conseils et ses ressources pour
qu'il puisse accomplir ce qu'il y a de mieux à ses propres yeux et faire ce
qu'il n'a pas lui-même pu réaliser.
Certes, il s'agit là d'un noble souhait, mais le fils lui
répondra qu'il ne partage pas nécessairement les mêmes objectifs, souhaitant
donner à sa vie une autre tournure. "Combien de disputes, de ruptures
entre pères et adolescents, trouvent là leur racine profonde. Ce père oublie
qu'on ne "fait" pas un enfant pour soi, mais pour lui. Que l'enfant
n'appartient à personne, sinon à lui-même et à Dieu. Et qu'il s'agit de
"l'éduquer", c'est-à-dire de le "conduire dehors", pour
qu'il réalise son propre projet humain, son aventure nouvelle et imprévue. Là
encore, fascination du même refus de la différence. Moi
qui suis célibataire, je n'ai pas le droit de condamner personne, et j'aurais
peut-être fait un très mauvais père de famille. Mais j'ai reçu assez de
confidences de parents meurtris, et de fils révoltés, pour savoir que le risque
est là."
Cette nécessité de mettre ses richesses au service des
autres fut admirablement traduite dans la tradition symbolique par l'image d'un
pélican qui se saigne pour ses petits. En effet, selon une légende fort
ancienne, il arrivait que, revenant à son nid, le pélican voyait
ses petits inanimés et sans vie. L'oiseau criait alors "sa douleur à tous
les horizons, se penchait sur les petits corps ensanglantés et, de son bec
déchirant sa poitrine, les arrosait de son sang. Alors sous la chaude sève
paternelle, les pélicaneaux morts frémissaient
bientôt, reprenaient vie, battaient joyeusement des ailes et se blottissaient
amoureusement dans le duvet du père à qui, deux fois, ils devaient la
vie." Dans cette légende, le comportement de l'oiseau s'ouvrant la
poitrine dans la perspective de prendre soin de l'autre évoque évidemment le
véritable don de soi où les substances nutritives qui le nourrissaient
exclusivement jusqu'alors jaillissent dorénavant pour nourrir l'autre (ces
nutriments présents dans le sang étant en outre le résultat d'un long travail
d'ingestion et de digestion, la "quintessence" de son travail).
2. Accueil de l'autre
"Aimer, c'est renoncer à vivre en soi, pour soi et
par soi." Ainsi, l'accueil de l'autre s'amorcera toujours dans un
mouvement par lequel l'aspirant se retirera de lui-même en lui-même pour
générer un espace vide, l'invitant à devenir le centre de sa propre vie.
En cultivant une telle attitude d'accueil, l'homme cessera
évidemment de focaliser sa conscience sur lui-même et s'affranchira dès lors du
cercle clos de son moi personnel. En d'autres termes, il échappera à l'emprise
de ses pulsions égocentriques et instinctuelles qui, l'amenant à ramener tout à
lui, le coupait jusqu'alors de tout échange et de toute communion véritable
avec l'autre. Cette attitude ne devra cependant pas être ressentie comme une
contrainte, mais être vécue d'une manière naturelle, relevant d'un élan profond
du coeur. Ceci le conduira alors au troisième aspect de l'enjeu spirituel
associé au système cardio-vasculaire.
3. Participer à la réalité de l'autre
En effet, le troisième enjeu spirituel du système
cardio-vasculaire correspond à une expérience de participation à la nature de
l'autre, l'ultime désir de toute expérience amoureuse étant de pouvoir
ressentir ce que l'autre ressent, de pouvoir vivre ce qu'il vit et de pouvoir
ainsi participer pleinement à sa réalité. Toute personne qui a vraiment aimé
sait ce que cela représente, la plus grande souffrance de l'amour étant
précisément de demeurer étranger à l'autre, de ne pas pouvoir faire son
expérience. Or l'accueil, au sens où nous venons de le définir, nous amène
nécessairement à participer à la réalité de l'être aimé puisque nous en faisons
le centre de notre vie. La plénitude de l'amour nous
conduit dès lors à une expérience de transcendance qui permet d'aller au-delà
de ce que nous sommes dans une participation sans confusion. En effet, "le
vœu de l'amour est de devenir l'autre, tout en restant moi, de telle sorte que
l'autre et moi, nous ne soyons pas seulement unis mais que nous soyons
véritablement un. L'expérience humaine de l'amour est joie et souffrance
mêlées. Joie prodigieuse de dire à celui ou à celle que l'on aime : toi et
moi, nous ne sommes pas deux, mais un. Souffrance d'être obligés de reconnaître
qu'en disant cela, on dit, non pas ce qui est, mais ce que l'on voudrait qui
soit et qui ne peut pas être."
Certes, l'amour engendre une profonde communion qui crée
une véritable unité, mais il s'agit toujours d'une dynamique entre deux
personnes qui assument leurs différences.
4. Le coeur réceptacle d'amour
Pour conclure cette section sur les enjeux spirituels du
système cardio-vasculaire, il importe de préciser que le coeur de celui qui
s'est placé dans une telle dynamique psycho-spirituelle
devient nécessairement semblable au mystérieux vase du Graal, ce réceptacle
sacré qui accueille l'amour descendant du ciel. En effet, la structure même du
coeur le destine à cette sublime vocation. En cultivant un esprit de don,
d'accueil et de participation à la réalité de l'autre, l'aspirant transformera
donc son coeur en une véritable matrice au sein de laquelle l'amour
s'enracinera et se développera, accomplissant ainsi le souhait du poète :
"Ah ! Si mon coeur pouvait devenir une crèche, De nouveau ici-bas
Dieu serait un enfant" C'est d'ailleurs dans cette perspective que le
culte au Sacré-Coeur fut institué dans la tradition chrétienne. Appelé
"Maison de Dieu" ou "Porte du ciel", il est effectivement
une évocation admirable de la descente de la lumière divine en l'homme.
En ce qui nous concerne, nous y voyons évidemment le
symbole même de l'amour, le sang versé transformé en rose étant la plus belle
évocation de l'amour. Permettez-moi de vous citer à ce titre ce passage du
livre de Philippe Mailhebiau à propos de la
rose : "L'huile essentielle de Rose est une merveille de la
nature ; elle n'est pas seule, sans doute, mais elle est exceptionnelle.
Le seul fait de la sentir affine notre sensibilité, nous transporte dans un
monde inconnu, semble disperser les ténèbres de nos soucis, nos angoisses et
nos peines. Elle nous fait connaître l'amour, non seulement l'amour humain qui
est déjà un cadeau, le plus beau peut-être, de l'existence, mais un amour
spirituel, divin même dirions-nous, si ce terme n'était pas trop galvaudé. Le
parfum authentique de la Rose semble venir d'un autre monde ; d'ailleurs
une tradition initiatique enseigne qu'elle fut un cadeau de la planète Vénus."
Quel que soit le crédit que l'on accorde aux légendes et
aux croyances, la Rose nous semble un sujet
de méditation, un objet de contemplation, une source d'élévation.
On ne peut s'empêcher, ici, d'établir un parallèle entre
cette dévotion au Coeur du Christ et la voie spirituelle orientale de
l'hésychasme avec sa pratique de la "Prière du Coeur". Celle-ci, en effet,
vise à faire habiter son Maître dans le Coeur du fidèle et, à la limite, à
identifier les deux coeurs : le moyen employé, on le sait, est
l'invocation répétitive du nom de Jésus ou de tout autre nom du Seigneur (Morya, Bouddha, Rama, Saï Baba, etc.)
Selon la tradition de l'hermétisme chrétien, l'archétype
planétaire associé au système cardio-vasculaire est le Soleil. Or cet astre
occupait pour les anciens une position centrale comparable à celle que le coeur
occupe au niveau du corps humain. Ainsi, "le soleil, dit Plutarque, avec
la force d'un coeur disperse et répand hors de lui-même la chaleur et la
lumière comme si c'était le sang et le souffle". De même, Macrobe :
"Le nom d'Intelligence du monde que l'on donne au soleil répond à celui de
Coeur du ciel ; source de la lumière éthérée, le soleil est, pour ce
fluide, ce que le coeur est pour l'être animé. Al-Jili
considérait également que le coeur est aux facultés ce que le soleil est aux
planètes : c'est du soleil qu'elles reçoivent leur lumière et leur
impulsion. [...] Toute cette symbolique du centre et du soleil est
merveilleusement inscrite dans le fameux marbre de la chartreuse d'Orques (Sarthes), publié jadis par Louis Charbonneau-Lassay.
C'est un témoin extraordinaire de la profondeur intellectuelle, au sens vrai du
mot, à laquelle étaient parvenus les moines de Saint Bruno, dans la
compréhension du mystère du Coeur. Ce marbre représente le Coeur rayonnant au
milieu de deux cercles, concentriques par rapport à lui ; le cercle des
planètes, le plus intérieur, et le cercle du zodiaque, le plus extérieur."
De manière plus précise encore, le Soleil incarnait, et
incarne toujours, une aptitude à rayonner son identité profonde, sans égard aux
préjugés et aux stéréotypes imposés par la société (ou aux illusions inhérentes
à l'ego). À ce titre d'ailleurs, il arrive qu'on se méprenne sur l'affirmation de soi en la considérant
injustement comme une forme de vanité ou l'expression d'un fol orgueil. C'est
là, évidemment, une grave erreur puisque c'est précisément une telle attitude
qui permet à l'individu d'exister pleinement. En outre, en l'amenant à rayonner
fidèlement les valeurs de son essence profonde, l'astre solaire favorise le
développement d'une remarquable puissance qui s'exprimera tout naturellement
sous la forme d'une autorité charismatique dont la légitimité sera évidente.
Sur un plan spirituel, le Soleil évoque enfin une capacité
à exprimer et à rayonner avec enthousiasme la puissance de l'Esprit. Le nom
hébreu qui le désigne nous l'indique d'ailleurs fort bien puisqu'il s'agit du
mot shèmèsh [Shin-Mem-Shin] qui signifie "officier comme
prêtre". À ce titre, il est éloquent de constater que le Christ, qui fut
grand prêtre des œuvres de l'Esprit ("Ayant donc un grand prêtre souverain
qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la profession de
foi.", Hébreux IV, 14), fut associé dès le troisième siècle au "Vrai
Soleil" (Verus Sol). Au quatrième
siècle, le grand poète byzantin Romanos le Mélode lui fit même affirmer dans le
Cantique de la Courtisane : "Moi,
le Soleil". Citons encore Bérulle, qui dans ses Méditations sur Sainte Madeleine, au dix-septième
siècle, parle de "Jésus, ce Soleil levant".
Voici un tableau résumant les éléments symboliques associés
au Soleil et les enjeux incarnés par le système cardio-vasculaire.
Tableau présentant les éléments
symboliques du Soleil et les enjeux incarnés par le système cardio-vasculaire
Éléments symboliques associés au Soleil
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Enjeux associés au système cardio-vasculaire
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- Le Soleil incarne une aptitude à rayonner son identité
profonde, sans égard aux préjugés et aux stéréotypes imposés par la société
(ou aux illusions inhérentes à l'ego).
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- Expression de soi par le biais de son comportement, de ses
émotions et de ses pensées.
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- Le Soleil incarne une capacité à rayonner avec enthousiasme
la force de l'Esprit, c'est-à-dire la puissance de l'amour.
|
- Expression de l'amour par le biais de son comportement, de
ses émotions et de ses pensées.
|
C'est d'ailleurs en tant que vecteur de la puissance
divine fécondante et vivifiante qu'il était considéré comme un véritable
thaumaturge. Lorsqu'un sujet du roi de France souffrait d'une maladie que le médecin
ne pouvait traiter, il se rendait donc à Paris, à la recommandation même de son
médecin, pour être guéri par le souverain. À des moments précis de l'année,
correspondant généralement à des fêtes religieuses, le roi recevait
effectivement les malades et procédait à un rituel permettant de les guérir. À
titre d'exemple, Louis XIV, qui régna de 1643 à 1715,
eut souvent l'occasion d'exercer ce ministère et les guérisons obtenues étaient
toujours fort nombreuses. Les médecins en témoignaient à ce point que, traitant
spécialement des tumeurs lymphatiques dont la guérison était prérogative
royale, le premier chirurgien de Mesdames les Dauphines, Dionis,
"conseille à tous ceux qui sont affligés de ces maux de tenter un moyen
spirituel si doux pour obtenir leur guérison, avant de se livrer entre les
mains des chirurgiens qui ne peuvent pas les exempter de beaucoup de
douleurs..."
VI.
Synthèse
Le système cardio-vasculaire incarne donc fondamentalement
en l'homme une aptitude à accueillir et à donner. Sur un plan psychologique, il
évoque plus précisément le développement d'une aptitude à s'affirmer (ayant à
cet égard une fonction de témoignage), à s'ouvrir aux ressources que l'autre
propose (en les utilisant pour assurer le développement et l'épanouissement de
son être) et à se tourner vers lui dans une dynamique d'échange et de partage.
Sur un plan spirituel, il incarnera une aptitude à se donner à l'autre, à
l'accueillir pleinement en soi pour lui accorder une place centrale au sein de
son existence, et à faire l'expérience de ce qu'il est dans un élan de
transcendance dépassant tout instinct de survie.
Tableau présentant les fonctions
du système cardio-vasculaire et leurs enjeux
Les fonctions du système cardio-vasculaire
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Les enjeux
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Fonction de maintien et circulation veineuse systémique
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- Le coeur est contenu dans un sac membraneux résistant qu'on
appelle le péricarde.
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- Accueillir et donner en respectant ses limites existentielles
(celles qui structurent sa vocation profonde).
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- Au niveau de la grande circulation, ou circulation
systémique, les veines assurent le retour du sang depuis les organes et les
tissus vers le coeur.
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- Lâcher prise, sortant d'un enfermement sur soi-même pour favoriser
une ouverture à l'autre dans une perspective de rayonnement ou de don.
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Circulation artérielle systémique
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- Au niveau de la grande circulation, les artères alimentent
les cellules en oxygène et en substances nutritives.
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- Bénéficier des ressources que l'autre offre ou de sa présence
en ressentant la joie que cela apporte.
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Fonction de contraction
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- Le coeur est une pompe musculaire qui se contracte
rythmiquement à une fréquence moyenne de quatre-vingts à cent pulsations par
minute, propulsant ainsi le sang vers les poumons et l'ensemble du corps.
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- Recevoir et donner en faisant preuve de dynamisme, de vigueur
et d'énergie, luttant ainsi contre toutes forces d'inertie enfermant l'homme
dans une condition mortifère où il n'accueille plus et ne donne plus.
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Circulation artérielle pulmonaire, circulation
coronarienne et fonction d'automaticité
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- Au niveau de la petite circulation, les artères pulmonaires
propulsent le sang du ventricule droit vers les poumons où il libère certains
produits issus du métabolisme des cellules.
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- Offrir à l'autre sa puissance vivificatrice par un
rayonnement plénier de son être ou par un sacrifice de sa vie (en se donnant
par amour).
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- Le coeur est dépendant des artères pour son alimentation et
des veines pour ramener le sang chargé des produits métaboliques des cellules
cardiaques vers l'oreillette droite.
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- Entretenir avec l'autre une dynamique d'union participative.
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- Chaque battement est déclenché par des impulsions électriques
émises par le nœud sinusal situé dans la partie haute de l'oreillette droite.
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- Recevoir et donner sans se laisser déstabiliser par quoi que
ce soit, trouvant au contraire des forces toujours nouvelles pour maintenir
cette dynamique.
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Fonction de détente
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- Après la phase de contraction suit une phase de détente ou
diastole au cours de laquelle le coeur se remplit de sang.
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- Recevoir et donner en sachant se placer dans une dynamique
d'abandon, se laissant ainsi investir par l'irrésistible attrait que l'autre
exerce sur soi (l'accueillant en soi et se donnant à lui).
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Circulation au niveau des capillaires et fonctions
valvulaires
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- Reliant les artères aux veines, les capillaires apportent
l'oxygène et les substances nutritives aux cellules, recueillant aussi les
produits issus de leur métabolisme.
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- Établir un processus d'échange où chacun donne à l'autre ce
qu'il possède ou ce qu'il est.
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- Les valvules évitent que le sang ne circule en sens contraire
entre les oreillettes et les ventricules et entre les ventricules et l'aorte ou
l'artère pulmonaire.
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- Recevoir et donner en se plaçant en rapport de médiation avec
l'autre sans revenir en arrière.
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Circulation veineuse pulmonaire
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- Au niveau de la petite circulation, les veines pulmonaires
ramènent le sang des poumons à l'oreillette gauche du coeur.
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- S'ouvrir en développant une attitude d'accueil face à l'autre
en tant que tel ou aux ressources qu'il propose.
|
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Section II – Maladies – Symbolisme et thérapeutique
Lecture symbolique
Description médicale
Comme toutes les autres artères, les artères coronaires
peuvent être affectées par l'athérosclérose. Des plaques d'athérome se
développent alors sur la tunique interne des vaisseaux, restreignant le flux de
sang et favorisant la constitution de caillots sanguins. Cette coagulation
provoque évidemment un arrêt de l'irrigation de la zone du coeur concernée
entraînant la nécrose d'une partie du muscle cardiaque qui se traduit dans la
majorité des cas par une douleur intense et persistante conduisant ultimement à
l'arrêt cardiaque.
Interprétation symbolique
Cette pathologie provient d'un problème au niveau de
l'entretien du coeur lui-même. Or cette fonction incarne, sur un plan
symbolique, une aptitude à maintenir avec l'autre une dynamique d'union
participative. L'infarctus du myocarde sera donc étroitement associé à une
problématique de cet ordre. Plus encore, cette maladie résulte d'une obstruction
au niveau des artères coronariennes. Or tout phénomène d'obstruction est
évidemment associé à un processus de blocage (de refus de poursuivre ou de
continuer à s'investir). Cette pathologie nous apparaît dès lors comme
résultant d'un refus d'entretenir avec l'autre une dynamique d'union
participative.
Pourquoi donc ce refus ? Il peut avoir deux causes
principales. En effet, la première pourrait résulter d'une tendance à ne plus
vouloir recevoir quoi que ce soit de l'autre (ni ses ressources, ni sa
personne), cherchant peut-être ainsi à s'émanciper d'une relation trop
oppressante (ou jugeant qu'on ne la mérite plus). La seconde pourrait, quant à
elle, résulter du souhait de ne plus rien donner à l'autre (ni de sa richesse,
ni de sa personne), jugeant qu'il n'en vaut plus la peine ou qu'il ne le mérite
plus.
Ainsi, l'infarctus du myocarde nous révèle deux types de
dissonances que nous pouvons résumer de la manière suivante : "Je
ne veux plus recevoir quoi que ce soit de l'autre (ni ses ressources, ni sa
personne), cherchant à m'émanciper d'une relation trop oppressante (ou
jugeant que je ne la mérite plus)." ; et "Je ne souhaite plus
rien donner à l'autre (ni de ma richesse, ni de ma personne), jugeant que ce
dernier n'en vaut plus la peine ou qu'il ne le mérite plus."
|
Plus encore, cette pathologie se caractérise par une
douleur intense et persistante au niveau de la poitrine. La douleur
évoque évidemment un état de crise aiguë. Pourquoi une telle crise ? Dans
les deux cas, en cherchant à ne plus entretenir avec l'autre une dynamique
d'échange ou de participation, l'individu s'enferme dangereusement dans une
condition mortifère (se coupant de toutes ressources utiles à son développement
et de l'amour en tant qu'expérience de plénitude).
Ainsi, chaque dissonance que nous avons associée
précédemment à l'infarctus du myocarde implique une conséquence que nous
pouvons résumer de la manière suivante : "En cherchant à ne plus
entretenir avec l'autre une dynamique d'échange ou de participation, je
m'enferme dangereusement dans une condition mortifère en me coupant de ses
ressources ou de l'amour qu'il pourrait m'apporter, me conduisant ainsi au
manque et à la vacuité intérieure."
|
Enfin, l'infarctus du myocarde affecte le coeur qui est
situé au centre de la
poitrine. Nous pouvons donc en déduire que les deux attitudes
déviantes que nous lui avons associées pourront être exaltées par une
difficulté à instaurer dans son rapport avec l'autre un milieu matriciel apte à
subvenir aux besoins de chacun.
Approche thérapeutique
Approche thérapeutique du terrain
L'infarctus du myocarde affecte le coeur qui est situé au
centre de la poitrine.
Tableau présentant les zones
corporelles affectées par l'infarctus du myocarde
Zone
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Enjeu psycho-spirituel
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Thorax
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Instaurer dans son
rapport avec l'autre un milieu matriciel apte à subvenir aux besoins de
chacun.
|
Dès lors, le malade en quête de réharmonisation
devra chercher à harmoniser en lui les enjeux psycho-spirituels
correspondant à la zone principalement atteinte. Ainsi, l'infarctus du myocarde
est aggravé par le fait que le malade a du mal à se construire un milieu
matriciel adapté.
Approche thérapeutique du système
Nous savons que l'infarctus du myocarde affecte le coeur. Le
malade devra donc harmoniser en lui l'enjeu psycho-spirituel
correspondant.
Tableau présentant l'enjeu psycho-sprirituel du système cardio-vasculaire
Système
|
Enjeu psycho-spirituel
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Le coeur
|
Accueillir l'autre (ou
les ressources dont il est porteur) et se donner à lui (ou rayonner face à
lui).
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Approche thérapeutique du sous-système
À un niveau plus précis encore, l'infarctus du myocarde
affecte la circulation coronarienne.
Le malade sera invité à développer en lui l'enjeu psycho-spirituel qui pourrait se résumer ainsi :
"Me centrer et rayonner ce que je suis devenant le vecteur privilégie
d'une extraordinaire fécondité."
Dans le cas où l'individu ne veut plus rien recevoir de
l'autre, il pourra avantageusement utiliser l'affirmation positive
suivante : "Je me centre sur moi-même, découvrant mes besoins
fondamentaux que seuls l'autre peut satisfaire."
|
S'il ne veut plus, par ailleurs, donner à l'autre, l'affirmation
positive pourrait alors être formulée, de la manière suivante : "Je
rayonne ce que je suis, devenant le vecteur privilégié d'une extraordinaire
fécondité apte à combler les besoins d'autrui."
|
Lecture symbolique
Description médicale
L'hypertension artérielle se manifeste lorsque la pression
exercée par le sang propulsé sur les parois des artères augmente. Elle n'est
pas nécessairement pathologique. En effet, au cours d'une activité sportive, le
coeur doit éjecter davantage de sang dans le système artériel afin de subvenir
aux besoins énergétiques de l'organisme, se contractant ainsi plus
vigoureusement et augmentant dès lors la pression artérielle. Le stress est
également une cause d'hypertension entraînant la contraction des vaisseaux
sanguins et conséquemment l'accroissement du travail cardiaque. Enfin, la
vieillesse est un facteur d'hypertension artérielle puisqu'avec
l'âge, les artères se durcissent, augmentant les résistances à l'écoulement du
sang vers l'organisme. Pour maintenir un débit de sang suffisant, le coeur doit
alors se contracter plus vigoureusement.
L'hypertension artérielle devient toutefois pathologique
lorsque, chez un sujet au repos et détendu, la pression sanguine dans ses artères
demeure anormalement élevée. Elle ne provoque souvent aucun symptôme si bien
qu'on la découvre le plus souvent à l'occasion d'un examen de routine. Parmi
les complications de l'hypertension non traitée, on trouve l'accident cérébro-vasculaire, l'insuffisance cardiaque, des lésions
rénales et une rétinopathie.
Interprétation symbolique
Cette pathologie provient d'un problème au niveau du
travail cardiaque (et particulièrement au niveau de la fonction systolique). Or
celle-ci est liée, sur un plan symbolique, au développement d'une aptitude à
recevoir (circulation artérielle systémique) en sachant faire preuve de
dynamisme et d'énergie, luttant ainsi contre toutes les forces d'inertie qui
enferment l'individu dans une condition mortifère où il n'accueille plus.
L'hypertension artérielle sera donc étroitement associée à une problématique de
cet ordre. Plus encore, cette maladie résulte d'une augmentation du travail
cardiaque. Or tout phénomène d'augmentation est évidemment associé à un
processus d'exagération. Cette pathologie nous apparaît conséquemment comme
résultant d'une tendance à l'exagération, l'individu étant enclin à mobiliser
son énergie de manière anormale contre des forces d'inertie l'incitant à se
replier sur lui-même, rompant ainsi toute dynamique harmonieuse d'union
participative avec l'autre.
Pourquoi donc cette exagération ? Elle peut avoir
deux causes principales. La première pourrait en effet résulter chez l'individu
d'un sentiment d'incapacité à accueillir adéquatement les ressources que
l'autre lui offre (ou de lui faire une place au sein de son existence). Ce
sentiment l'incitera alors à se placer exagérément dans une attitude
d'ouverture face à lui. La seconde pourrait, quant à elle, résulter d'une
dépendance excessive à l'autre ou à ses ressources, l'individu cherchant à
s'ouvrir à lui de manière exagérée.
Ainsi, l'hypertension artérielle nous révèle deux types
de dissonances que nous pouvons résumer de la manière suivante :
"Je ne me sens pas capable d'accueillir adéquatement l'autre ou ses
ressources, me plaçant dès lors dans une attitude excessive d'ouverture à
lui." ; et "Entretenant une dépendance excessive face à
l'autre ou à ses ressources, je cherche à m'ouvrir exagérément à lui."
|
Cette pathologie ne s'accompagne souvent d'aucun symptôme.
Toutefois, elle accroît le risque d'accident cérébro-vasculaire
et de nombreuses autres maladies. Autrement dit, elle développe un terrain
hostile à tout développement personnel et à toute expérience de transcendance.
Pourquoi une telle situation ? Dans la mesure où l'individu focalise
toutes ses forces pour se placer de manière excessive dans une dynamique
d'ouverture face à l'autre, il en mésuse et s'expose à divers désordres
entraînant un affaiblissement de son organisme. S'il entretient par ailleurs
une dépendance excessive face à l'autre ou à ses ressources, s'ouvrant à lui de
manière exagérée, il ne développera pas une capacité à affirmer son identité
(celle-ci, faute d'être exprimée, dépérissant).
Ainsi, chaque dissonance que nous avons associée
précédemment à l'hypertension artérielle implique une conséquence se résumant
de la manière suivante : "En focalisant toutes mes forces pour me
placer dans une ouverture excessive face à l'autre, je génère un
affaiblissement général de mon organisme." ; et "En
entretenant une dépendance excessive face à l'autre ou à ses ressources,
cherchant à m'ouvrir à lui de manière exagérée, je ne développe pas une juste
capacité à affirmer mon identité (celle-ci, faute d'être exprimée,
dépérissant)."
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Enfin, l'hypertension artérielle affecte tout le système
artériel. Il n'y a donc pas de terrain spécifiquement favorable à son
développement.
Approche thérapeutique
Approche thérapeutique du terrain
Nous venons de dire que l'hypertension artérielle affecte
le système artériel dans son ensemble. Il n'y a donc pas ici de terrain
spécifiquement favorable à son développement.
Approche thérapeutique du système
Nous savons que l'hypertension artérielle affecte le
coeur. Le malade devra donc harmoniser en lui l'enjeu psycho-spirituel.
Tableau présentant l'enjeu associé
au système cardio-vasculaire
Système
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Enjeu psycho-spirituel
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Le coeur
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Accueillir l'autre (ou les
ressources dont il est porteur) et se donner à lui (ou rayonner face à lui).
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Il pourrait pratiquer avantageusement l'affirmation
positive suivante : "Je reçois de l'autre et je lui donne (ou
moindrement lui exprime) ce que je suis."
Approche thérapeutique du sous-système
À un niveau plus précis encore, l'hypertension artérielle
affecte la fonction systolique du coeur.
Le malade sera invité à développer en lui l'enjeu psycho-spirituel qui pourrait se résumer ainsi :
"Me centrer et rayonner ce que je suis en sachant m'investir avec force,
me libérant de toute inertie mortifère."
Dans le cas où la personne focalise toutes ses forces
pour se placer de manière excessive dans une attitude d'ouverture face à
l'autre, elle pourra avantageusement utiliser l'affirmation positive
suivante : "Je me centre sur ce que je suis en sachant m'investir
avec force, me libérant de toute inertie mortifère."
Si elle entretient une dépendance excessive face à
l'autre ou à ses ressources, cherchant à s'ouvrir à lui de manière exagérée,
l'affirmation positive pourrait alors être formulée, de la manière
suivante : "Je me centre et je rayonne ce que je suis en sachant
m'investir avec force, me libérant de toute inertie mortifère."
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